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Qualité de vie, environnement et développement durable

Conseil municipal de Mérignac - Séance du 4 novembre 2019 à 18h00Intervention de Thierry MILLET sur le sujet
" Rapport 2019 sur le développement durable "


Notre attention est appelée sur les actions menées par notre commune en faveur du développement durable.
Si l'on se réfère au rapport du GIEC, les objectifs essentiels sont ceux qui sont en rapport avec changement climatique, lequel résulte en grande partie des activités humaines.
A l'échelon communal, il nous appartient de prendre des dispositions pour apporter notre contribution à l'atteinte de ces objectifs. Dans l'édito de ce rapport, Monsieur le maire insiste d'ailleurs à juste titre sur l'importance des "pratiques locales".
Parmi les actions possibles, nous savons tous que, pour limiter l'empreinte carbone, les circuits courts doivent être encouragés : ils ne se limitent pas au transport des marchandises mais concernent aussi les déplacements des personnes, y compris à l'échelon de la commune.

A Mérignac, la superficie de la commune et ses équipements concentrés au centre ville rendent trop souvent la voiture indispensable.  


Polluer moins, cela commence donc, outre l'usage des transports en commun, par limiter les besoins de déplacements dans et hors de la ville. Pour cela, Mérignac doit : 

- proposer un cadre de vie et une animation qui incitent chacun à rester sur la commune,
mettre à disposition de tous des équipements sociaux, culturels, sportifs et commerciaux de proximité,
- offrir un réseau cyclable et piétonnier sécurisé pour encourager la pratique du vélo ou de la marche à pieds.

A Mérignac, que constate-t-on ?
- Les équipements sportifs se trouvent pour beaucoup au centre ville.
- Idem pour les équipements culturels (Médiathèque, Pin Galant, cinéma, Veille église).
- Les activités économiques tertiaires trop souvent éloignées des zones d'habitat
- Les lieux de convivialité qui pourraient être le rendez-vous des mérignacais sont quasi inexistants
- Le paysage urbain est tel que nous sommes nombreux à quitter la commune pour nos soirées ou nos week-ends.

Afin de limiter les déplacements, il faudrait donc que la Ville offre des réponses locales aux attentes des mérignacais ! 

Quant à la quête de diminution de l'usage de l’automobile, les circulation douces doivent être encouragées. Sur ce point, nous sommes tous, je le crois, d'accord.

Vous annoncez fièrement sur le site de la Ville " [qu]'avec 110 kilomètres d'itinéraires cyclables, les vélos ont la cote à Mérignac ! La pratique du deux-roues a augmenté de 30% dans toute la Métropole Bordelaise. Pour accompagner ce développement, la ville est en train de se doter de 9 kilomètres supplémentaires de pistes cyclables. Objectif : fluidifier et sécuriser les parcours de tous les cyclistes ! "
Trois remarques :
- L'évolution de la pratique du vélo dans Mérignac n'est pas mentionnée. Si elle progresse dans la Métropole, il semble que ce soit essentiellement dû à la pratique du vélo dans Bordeaux,
- Les 9 kilomètres d’itinéraires cyclables sécurisés que vous citez ont été réalisés depuis cet été, au-delà de la rocade. C'est positif mais cela ne résout pas la problématique de la sécurité des cyclistes en ville,
- Votre stratégie cyclable, c'est d'abord celle du pot de peinture puisque dans plus des deux tiers du réseau, il n'est proposé aux cyclistes de Mérignac que des bandes cyclables peintes sur la route (77 km sont concernés). 

Etant cycliste, je parcours assez Mérignac en vélo pour affirmer que la sécurité des déplacements est, pour employer un terme mesuré, "limitée".

Bien sûr, j'exclurai de mon propos le cas des rues trop étroites pour installer quelque aménagement que ce soit.

Mais un chose est incontestable : dans tous les quartiers de Mérignac, mes échanges avec les mérignacaises et les mérignacais confirment, qu'à leurs yeux, les conditions de déplacements en vélo ne permettent pas d'envisager de laisser les jeunes et les moins jeunes se rendre à leurs activités en deux roues.

C'est sans appel : il nous faut donc changer de braquet !

Tant qu'une armature de pistes cyclables séparées physiquement du flux de voitures ne quadrillera pas Mérignac, tout effort de promotion du vélo sera vain.

A ce titre, votre "Maison du vélo" est une initiative louable et une belle façon de communiquer en faveur du "deux roues" mais, si vous le permettez, vous mettez la charrue avant les bœufs : sans réseau sécurisé digne de ce nom, vous êtes en train d'encourager - en vain d'ailleurs puisque les mérignacais sont conscients des dangers - la prise de risques routiers !
Parfois, quand je roule sur mon vélo, je me pose des questions. En voici trois exemples concrets :
- Rentrant de Bordeaux par l'avenue de la République, j'arrive place Mondésir. Patatras ! Je quitte la tranquillité de la piste unidirectionnelle pour me retrouver dans l'avenue de la marne, sur le premier tronçon qui va jusqu'à l'intersection de la rue du Président Vincent Auriol. Là, je roule sur une bande cyclable avec, à gauche les voitures qui me frôlent, et à droite les portières des voitures en stationnement qui s'ouvrent. Vu l'emprise de l'avenue de la Marne à cet endroit, il incompréhensible qu'une piste n'ait pas été aménagée ! C'est pourtant la même Métropole qui s'occupe de l'avenue de la République à Bordeaux et de l'avenue de la Marne à Mérignac ! Il n'y a qu'une chose qui puisse expliquer la grande différence de traitement des cyclistes sur ces deux voies : les choix de la municipalité de Bordeaux comparée à celle de Mérignac...
- Sur l'avenue Pierre Mendes France, je quitte le Jard pour me diriger vers le Burck. Je roule sur l'avenue elle même et pas sur la piste cyclable. Résultat, je me fait klaxonner par les automobilistes, voire incendier par ceux qui me reconnaissent. Pourquoi ? Parce que le revêtement de la piste est tellement irrégulier que mon dos se rappellera immédiatement et durablement à mon bon souvenir si je persiste à lui infliger les à coups causés par la piètre qualité du revêtement. Et je précise que mon vélo est doté d'un onéreux dispositif d'amortissement. Je ne suis visiblement pas le seul à avoir les lombaires sensibles : de nombreux témoignages vont dans le même sens.
- Sur l'avenue de l'Yser qui dessert notamment l'école Jean Macé, comment ne pas s'étonner que cette voie qui a été aménagée à grands frais et avec une esthétique de qualité n'offre qu'une bande de peinture aux roues des cyclistes ? Encore un choix malheureux de la municipalité.
J'arrête là la narration de mes périples car je pourrais vous décrire bien d'autres anomalies. 
En revanche, au volet "sécurité en vélo", vous me permettrez, pour les raisons invoquées ci-dessus, d'ajouter l'aspect "qualité de réalisation des voies cyclables".
En lisant avec attention le rapport qui nous a été remis, je ne puis que remercier tous ceux qui s'impliquent dans l'amélioration de la vie à Mérignac. Ce document rend compte d’initiatives d'envergure, d'autres plus modestes, d'autres encore dont la nature serait plutôt de faire la promotion de la politique municipale. Mais, bon, tout cela va malgré tout dans le bon sens puisque les intentions sont louables et tendent à sensibiliser chacun à la préservation de notre environnement.
Au nombre de 7, les chapitres de ce rapport démontrent toute la diversité des efforts engagés pour une ville à la fois partagée, comestible, à énergie positive, zéro déchets, contributive, et enfin, exemplaire
Cependant, un chapitre est absent de ce rapport. Vous auriez pu l'intituler, par exemple, "Une ville plus urbaine" ou plutôt "Une ville trop urbanisée". 
Car la façon dont vous urbanisez Mérignac constitue bien le volet essentiel, pour ne pas dire central, de la politique de développement que vous poursuivez. Le peu de chiffres que vous laissez filtrer le démontrent.

Votre politique d'urbanisation est-elle durable ?

Avant de répondre à cette interrogation, je voudrais citer Mme Gro Harlem Brundtland, Premier Ministre norvégien qui, en 1987, avait défini le développement durable comme "un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs".
Or, vous le savez fort bien pour vous l'entendre reprocher de toutes parts : A Mérignac, l'urbanisation est excessive. Notre ville sature. Les infrastructures et les services ne suivent pas.
C'est un fait. La Ville ne répond pas aux besoins du présent. Nous constatons que, sur bien des aspects, la qualité de vie à Mérignac recule. Votre politique de construction à outrance, si elle se poursuit, compromettra aussi la capacité des futures générations de Mérignacais à bénéficier d'une qualité de vie équivalente à celle de leurs parents.Au sens de la définition de Mme Gro Harlem Brundtland, le développement urbain de Mérignac n'est pas durable.

Pourquoi ? Parce que vous poursuivez sans le dire ouvertement des objectifs qui sont d'abord quantitatifs et qui dessineront à moyen terme une ville à 90 voire 100.000 habitants.
Monsieur le maire, lorsque des questions sur l'urbanisme vous sont soumises, vous n'assumez pas. Vous vous retranchez tantôt derrière :. le PLU - que vous avez vous même révisé -, . la Métropole, qui ne fait sur chaque commune - son président nous l'a confirmé ici même ce soir - que ce que chaque maire décide sur son territoire, . le programme des 50.000 logements -dont vous vous taillez d'ailleurs la part du lion-, . les "zones de projets" - comme si ces zones devaient être mises à part du décompte urbain mérignacais-, . la pression immobilière -alors que plusieurs communes de la Métropole, ont su endiguer la marée du béton-.

Vous empilez les immeubles collectifs sans vous soucier des équilibres dans la Ville.

Avez-vous remarqué que dans d'autres communes de la Métropole, à commencer par Pessac, l'évolution urbaine a un visage très différent que celui qu'offre Mérignac ?

Dernièrement et à six reprises, je vous ai écrit pour vous demander des informations chiffrées me permettant d'apprécier l'évolution de la construction dans notre commune. En dehors de l'aveu des 5.321 permis de construire des logements accordés entre 2014 et 2018, ce qui correspond à une capacité de loger plus de 10.000 personnes, vous refusez de me transmettre les données que je vous demande et dont vous disposez.

Ce n'est pas une attitude républicaine.

Qu'une commune grossisse et construise pour offrir des logements est parfaitement louable.

Mais qu'un maire livre son territoire au bétonnage excessif sans prévoir les adaptations en termes de voirie, d'infrastructures ou de services et sans anticiper les atteintes à la qualité de vie, à l'environnement, à la tranquillité publique et aux finances municipales, c'est de l'inconséquence.

C'est la négation même du concept de développement durable. C'est aussi l'inverse du principe de "Ville Verte" auquel de nombreux mérignacais sont attachés.

A ce sujet, je m'étonne que vos alliés écologistes, qui disent militer avec vous pour un "urbanisme apaisé" et pour le "tous à vélo", n'aient pas tiré la sonnette d'alarme quand il en était encore temps et ne vous aient pas stoppé dans votre élan.

Pour revenir au contenu de ce rapport sur le développement durable, l'absence d'un chapitre sur l'urbanisation de Mérignac est regrettable.

Et finalement, cette absence est assez logique car une ville durable, ce doit être une ville qui :
- construit des logements en adaptant en permanence les services et infrastructures au nombre de ses habitants
- pense au quotidien avant de penser au prestige,
- organise son urbanisation pour permettre à chacun de garer sa voiture ailleurs que dans la rue afin de laisser le trottoir aux piétons
- permet aux enfants d'aller en classe à vélo, et ce, en toute sécurité
- répartit ses équipements sur son territoire pour ne pas systématiquement obliger chacun à de longs trajets pour pratiquer ses activités,
- qui respecte l'environnement ainsi que le patrimoine de chacun et n'impose pas le béton comme horizon
- est conviviale et où les terrasses des places des principaux quartiers permettent de se retrouver entre amis pour un moment de détente
- ne se vautre pas dans le ridicule en exhibant quelques arbres en pot sur une place minérale
- n'oblige pas le personnel de la brasserie qui jouxte Mérignac ciné à traverser des rails et la rue pour porter un café en terrasse
- comprend que sans un stationnement pratique, le commerce ne peut pas se développer

Une ville durable, c'est d’abord une ville qui se met à la place de chacun pour rendre la vie plus facile et plus agréable.

Finalement, votre politique de développement durable est bien retracée par ce rapport : il y a de bonnes intentions et des actions intéressantes présentées avec un beau talent de communication. Mais un des aspects essentiels, celui qui concerne la durabilité du cadre de vie, est absent. Ce n'est pas la dernière page du rapport, où vous exhibez avec fierté le palmarès et les récompenses obtenus qui fera illusion.

A Mérignac, sous votre mandat, l'avenir de la qualité de vie s'est assombri et cela, vous le savez et cela vous préoccupe : les mérignacais l'ont parfaitement compris.