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URBANISME & DÉPLACEMENTS

Conseil municipal de Mérignac - Séance du 30 septembre 2019 à 18h00Intervention de Thierry MILLET


Parmi les compétences essentielles de notre Métropole, il en est deux dont l’impact sur la qualité de vie des mérignacais est ressenti au quotidien : il s’agit des déplacements, c’est-à-dire essentiellement les transports en commun et la voirie, et de l'urbanisme.

En matière de mobilités, le défi est énorme.

Ce défi est d'abord financier et le récent débat autour du projet de métro à 1,4 milliard d’euros (ou 5,3 milliards selon la proposition du groupe des élus communistes) nous l'a récemment rappelé. 
Durant ce débat, le déficit annuel du réseau TBM a été peu évoqué alors qu'il représente pourtant 148 millions d'euros en 2018 sur un budget global de 231 millions d'euros. Dit autrement, un voyageur paye aujourd'hui sa tickarte 1,70 € quand le coût réel de son voyage est de 4,76 €. 
Dans ces conditions, on comprend que, dans un proche avenir, lorsque les nouvelles lignes de tram vont entrer en service, il y aura plus de voyageurs transportés sur le réseau TBM. Cela aura pour effet d'augmenter le déficit à raison de 3,06 € à chaque nouveau voyage. 
Il faut donc d’ores et déjà se préparer à franchir ce mur de dépenses et faire face aux futurs 300.000 voyageurs quotidiens qui, selon les prévisions, fréquenteront le réseau d'ici quelques années.

En ce qui concerne l'urbanisme.

 il s’agit d’une compétence particulière puisque chaque maire décide de la façon d'orienter la construction sur le territoire de sa commune. 
Ainsi, si le PLU ou les autorisations de permis de construire sont bien votées par le Conseil de Métropole, pour l'un, ou données par les services de la Métropole, pour les autres, le maire reste le maître de la politique d'urbanisme sur sa commune. Il en va ainsi à Mérignac comme dans les autres communes de notre agglomération.

En matière de déplacements et d’urbanisme sur Mérignac, quel bilan pouvons-nous tirer de ce mandat qui s’achève ?

D’après vous, Monsieur le maire, si j’en crois ce qui est relaté par le Journal Sud-Ouest et par TV7, ce bilan n'est pas satisfaisant puisque vous avez déclaré, je vous cite, "c’est une évidence, nous n’avons pas suffisamment accompagné le développement quand on voit les embouteillages à Bordeaux, sur la rocade… ". 
A votre propos, vous auriez pu aussi ajouter " ...sur Mérignac ", notre commune étant aussi largement touchée par ces problèmes.
Si l'on continue à vous lire, vous donnez l'impression de ne pas assumer votre responsabilité. D'ailleurs, le journaliste constate que « vous pointez une équation singulière des prochaines échéances municipales où on élira des maires alors que les grandes compétences relèvent aujourd’hui de la Métropole ».
Vous-même déclarez que, je vous cite à nouveau « quand on veut râler, on va engueuler le maire sur le marché, alors que le sujet renvoie peut-être à une compétence de la Métropole ». Et vous rajoutez cette phrase que vous avez semble-t-il maintes fois entendue : « Mais le maire, qu’il ne dise pas qu’il y est pour rien, il siège à la Métropole ! »
Et vos interlocuteurs ont raison de le penser puisque c’est bien comme cela que ça se passe !
Chacun sait qu'en matière d'urbanisme, le maire de chaque commune apporte ses demandes à la Métropole et les transmet au vice-président concerné, lequel les présente aux instances métropolitaines composées essentiellement d’autres "maires vice-présidents". Puis, les demandes sont votées en bloc. Ainsi, chacun décide pour sa propre commune et, après tout, c’est assez normal puisque la Métropole est un EPIC, c’est-à-dire un établissement public de coopération intercommunal. 
À Mérignac, il y a donc un seul responsable en matière d’urbanisme : Alain ANZIANI.
C'est pourquoi je me suis récemment adressé à vous pour répondre à plusieurs questions : Quelle est la réalité de la politique d'urbanisme à Mérignac ? Êtes-vous dans la continuité de ce qui s'est fait à Mérignac par le passé ? Quel est le bilan de votre action durant ce mandat ? 
Je vous ai écrit le 1er juillet 2019 pour vous demander des informations officielles, celles qui figurent sur tout formulaire de permis de construire : surfaces construites, surfaces démolies, nombre de logements construits, nombre d'emplacements de stationnement aménagés.
En guise de réponse, vous m'avez adressé un listing de permis de construire accordés ou refusés mais sans aucune information chiffrée.  

A Mérignac, il est difficile d'obtenir des informations précises, même quand on est élu de la Ville et de Bordeaux-Métropole

N'ayant pas eu satisfaction, je vous ai ré-écrit et j'ai reçu de votre part une sorte de fin de non recevoir le 5 août dernier où vous m'expliquiez que :1) Vous ne vouliez pas demander à l'administration un travail que vous jugiez chronophage et      qu'elle ne serait pas en capacité de produire 2) Vous ne vouliez pas rompre l'égalité entre élus du conseil municipal qui ont fait une demande      similaire à la mienne   
Sur ces deux points, on peut s'interroger : . Comment imaginer que vous ne disposiez pas déjà de ces données pour piloter la politique   d'urbanisme de la ville de Mérignac ?. Comment imaginer un instant que vous-même, en tant que maire et donc élu du conseil   municipal conserviez par devers vous des informations qui doivent être accessibles à tous les   élus ?
Par ailleurs, considérant la compétence du personnel en charge de l'urbanisme, il n'est pas crédible que les données annuelles consolidées demandées n'aient pas déjà été produites sous une forme ou une autre.  

Cette situation, si elle perdurait, pourrait s'apparenter à une entrave à l'information des élus.

Je vous ai donc à nouveau écrit le 8 août dernier et, face à mon insistance, vous m'avez adressé un dernier courrier daté du 9 septembre où vous lâchez quelques informations, et notamment que, je vous cite, "sur la période 2014-2018, la ville a délivré des permis de construire 5321 logements". Ce chiffre m'a interpelé car l'impact sera considérable pour notre commune lorsque tous les logements auront été livrés...
Sachant que Mérignac pèse environ 10% de la population de la Métropole et que les promoteurs y produisent autour de 5.000 logements neufs par an, cela signifierait que, sous l'ère Alain ANZIANI, le rythme de construction à Mérignac a été au minimum deux fois plus rapide que la moyenne métropolitaine !
Vous devez nous éclairer car nous ne vous comprenons pas :. Vous affirmez votre volonté de sanctuariser des zones pavillonnaires mais, dans le même   temps, nous constatons dans certains de ces quartiers des constructions collectives récentes.. Vous déclarez vouloir une urbanisation apaisée mais nous découvrons une augmentation   inattendue du nombre d'habitants dans notre ville alors que, par ailleurs, les équipements   publics sont quasi stables.. Vous dîtes « assumer la réorientation prise » et vous vous justifiez en précisant que « cela a pris   du temps parce qu’il a fallu modifier le PLU et adopter une charte spécifique ». Vous ajoutez   même « les résultats sont là ».
Ignorez-vous que, si le PLU ne vous convient pas, il vous suffit d'utiliser les "périmètres de prise en considération" et les "sursis à statuer" pour stopper les constructions non conformes à votre politique ?
Pourquoi faites-vous semblant d'ignorer que votre charte d'urbanisme n’est pas opposable aux tiers et qu'elle ne peut donc rien résoudre ? 
Du fait de votre communication ambigüe, vous apparaissez comme un maire à deux visages, celui qui fait mine de protéger la qualité de vie et celui qui a décidé de bétonner sans vergogne. C'est en tout cas l'impression que donne aussi l’article paru dans le journal Sud-Ouest le 19 septembre dernier sous le titre « A Mérignac, un urbanisme sélectif » : 
Vous y déclarez déplorer « l’impact à retardement des programmes immobiliers passés » et « le paysage de parkings, de grandes enseignes et d’espace minéral » comme si vous n’étiez en aucun cas responsable de cet état de fait. 
Mieux encore : vous déclarez « n’avoir accepté le projet de la Fab qu’à une condition : remettre de la nature en ville ». En clair, oui au béton, mais pourvu qu’il soit "nature" !
Et pour couronner le tout, vous déclarez enfin « Nous maires, n’avons pas reçu mandat de nos populations pour construire plus dense, plus haut, en limitant l’usage de la voiture ». Ce qui m'oblige à vous poser une question : pourquoi l’avez-vous fait malgré tout ?
Et c'est bien pour tenter d’y voir clair dans votre politique d'urbanisme que je vous ai écrit à trois reprises mais, à ce jour, sans obtenir les informations demandées. L'impression d'un manque de transparence a été telle que j'ai fini par vous adresser, vendredi dernier, une lettre ouverte, un exercice auquel je ne m'étais jamais prêté depuis que je suis élu sur ces bancs.
Les symboles de ce qui ne tourne pas rond à Mérignac sont criants : la minéralité omniprésente – et pas seulement au centre-ville -, la circulation automobile congestionnée, le choix de bâtir à outrance alors que les deux précédents problèmes ne sont pas résolus, et enfin, la complainte des Mérignacais qui n'en peuvent plus du bétonnage qui leur gâche la vue autant qu’il leur encombre la rue.

Vous nous avez habitué, sur les sujets qui vous gênent, à nier les évidences...

Vous le faîtes, par exemple, de façon rituelle au sujet des impôts en répétant avec aplomb qu'ils n'ont pas augmenté à Mérignac depuis 2010 alors que la réalité, c' est une hausse de 14% des taxes locales demandées aux contribuables mérignacais depuis 2010.

... aujourd'hui, malgré l'explosion du nombre d'habitants que vous avez décidée pour Mérignac, vous faîtes mine de critiquer la densification.

A propos de l'urbanisme, votre position est incompréhensible : vous déclarez vous opposer à la politique de densification de la métropole et, dans le même temps, vous m'annoncez au détour d’un paragraphe de votre dernier courrier avoir donné l'autorisation de construire 5321 logements entre 2014 et 2018. 
A raison de 1,9 habitant par logement, moyenne constatée par l’INSEE sur Mérignac, cela pourrait concerner plus de 10.000 habitants pour les quatre premières années de votre mandat, soit une augmentation potentielle de plus de 14 % de population. Tout ceci sans compter les permis de construire en zone de projet accordés en 2019…
Décidément vous êtes abonné au 14% ! 
Le décalage entre vos paroles et vos actes est un gouffre.

La politique d'urbanisme que nous appelons de nos vœux doit être tournée vers la qualité de vie et avoir une vocation familiale 

Cette politique doit notamment :. Améliorer le cadre de vie et donner à chacun du bonheur et de la fierté lorsque vient l’heure de   rentrer chez soi.. Répartir les équipements entre quartiers pour ne pas obliger chacun à prendre sa voiture à tout bout de champ.. Construire avec des parkings pour éviter le stationnement sauvage.. Permettre de se déplacer en utilisant les modes de déplacements doux en toute sécurité.. Éviter l'empilement car il déshumanise et favorise la déstructuration de notre société.. végétaliser les bâtiments pour éviter de transformer les murs et les terrasses en piège à   chaleur, laquelle qui se rediffuse ensuite la nuit.
Du fait des besoins de logements, nous ne sommes pas opposés par principe à la densification. Après tout, il ne faut pas oublier que la densité de population d'un quartier d'échoppes est souvent plus élevée que celle de certains quartiers d'immeubles collectifs. 
Nous sommes opposés à votre façon de densifier qui consiste à accroître brutalement la population de la commune, sans anticipation en termes d'équipements et de voirie, et sans prise en compte des nuisances imposées aux riverains.
Monsieur le Maire, en propulsant inéluctablement la population de Mérignac au-delà de 80.000 habitants, vous avez privilégié la quantité au détriment de la qualité de vie et vous n'avez pas prévu les équipements qui devraient accompagner cette explosion de population
L'analyse des comptes administratifs de ce mandat est sans appel sur ce point.Ces choix, les Mérignacais auront à supporter les conséquences pendant longtemps.
Permettez-moi de vous dire notre désapprobation, d'autant plus forte que nous avons formulé à maintes reprises des mises en garde depuis des années. D'où mon refus de voter les PLU successifs et, encore récemment, avec ma collègue Christine Peyré, notre refus de voter la révision 2017 du PLU.
En conclusion, permettez-moi de vous rappeler l'engagement de la liste PS - PC -PRG -Europe Écologie Les Verts que vous conduisiez en 2014. En page 26 de votre programme, vous écriviez vous "engager pour un urbanisme concerté et apaisé"
Comme vous le constaterez, au crépuscule de votre mandat, nous sommes loin du compte...